LA VALSE DES ANGES - VERSION INITIALE



Chapitre 1 

Par Léane Aubaut




Un œil. Puis l'autre.

« Où suis-je ? » Je ne reconnaissais pas ce qui m'entourait. Les murs roses framboises, les cadres accrochés partout, les rideaux de dentelle blanche, le lit en bois recouvert d'une couette où d'énormes roses étaient imprimées, les oreillers moelleux, la table de chevet du même bois que le lit, la lampe posée dessus et son abat-jour accordé à la parure. Et enfin la robe rose fuchsia, avec son jupon en voile et son col en dentelle, donnait à la chambre la touche final du conte de fée. Moi, j'étais assise, ou plutôt affalée, sur un fauteuil de velours toujours rose, très confortable, près de la porte je me relevais mais ma tête se mit à tourner. Quelques étoiles dansèrent devant mes yeux et la pièce tangua quelques secondes. Quand ce fut passé je me mis debout pour de bon. Je m'approchais à petit pas de la porte et appuyais sur la poignée, mais rien ne se passa. Je tentais plusieurs fois de tirer de toutes mes forces, la porte ne bougea pas. Je cherchais un verrou, une serrure. Rien. Il n'y avait rien pour ouvrir cette porte. Je balayai de nouveau la pièce de regard.

« Où suis-je ? »

Il me fallait une sortie, une échappatoire. La fenêtre. Mais oui la fenêtre. J’avançais, écartais les rideaux de dentelles, ouvrit les battants . Un petit rire m'échappa, celui qui avait voulu m'enfermer là avait oublié qu'une fenêtre restait le meilleure issue de secours idéale. Je me penchais par dessus le rebord. Une issue parfaite, oui parfaite... sauf quand vous êtes au dernier étage d'un bâtiment d'au moins vingt-cinq étages et aux murs recouverts de plaques métalliques complètement lisses. Celui qui m'avait enfermé ici était très malin... tout était était prévu, tout, même la panique qui commençait à s'emparer de moi. Et c'était évidemment ce qu'il attendait, que je prenne peur et que je ne contrôle plus rien. Il ne fallait pas que je lui fasse ce plaisir. Je refermais la fenêtre et allais m’asseoir sue le fauteuil de velours. Il fallait que je prenne sur moi, que je sois calme. Rien n'est pire que la panique. J’avais, quand j’étais plus jeune, suivi quelques cours de yoga. C'était à cette époque de ma vie où chaque nouvelle chose était source de stress pour moi. Cette époque là était révolue depuis longtemps maintenant mais je devais bien encore avoir certains des restes des cours de madame …. quel était son nom déjà ? Flancher ? Fracher ? Francher ? Aucun ne sonnait juste, impossible de mettre la main dessus. Franger ? Ferrier ? Fratier ? Non, non, non, aucun n'allait avec cette tête de boucles rousses et ces lunettes rondes et roses. Rose... comme cette chambre où j'étais enfermée. Ma situation s'imposa de nouveau à moi. La prof de yoga hippie m'avait permise de m'échapper un instant, un tout petit instant. Combien de temps par contre, ça je ne saurais le dire.

« Quelle heure est-il ? »

Par automatisme je secouai mon poignet et baissai les yeux vers ma montre. Pas de montre... Mon portable alors. Je tâtonnais les poches de mon jean mais rien non plus. Je cherchais du regard ma veste ou mon sac à main mais ils n'étaient pas là, évidemment. Cela m'étonnait peu. On avait voulu me couper du monde, complètement. Aucun moyen de s'échapper, aucun moyen de communication, aucune notion du temps et... aucun souvenir. Je pris conscience que j'étais incapable de me rappeler quoique ce soit de ce qui avait précédé mon réveil ici. Je ne savais ni qui j'étais, ni d'où je venais. Ma mémoire n'était qu'un énorme trou vide, le vide, le néant. Cette fois la panique me submergea complètement. Des larmes convulsives coulaient sur mes joues. Je me recroquevillais au fond du fauteuil, je repliais mes genoux sous ma poitrine et les entourais de mes bras. Je pleurais toutes les larmes que je pus, toute l'eau de mon corps. Je pleurais mais ne savais même pas pourquoi. Parce que j'avais tout oublié ? Pleurer ce qu'on ne sais pas est idiot. Parce que je ne savais pas où j'étais et qui plus est, j'y était enfermée ? Cela n'avait aucun sens...



À vous d'écrire la suite !

1 commentaire:

  1. Je suis la femme aux effluves du parfum Shalimar de chez Guerlain. Je suis celle que personne n’ose aborder de peur d’être rejeté… On m’imagine mariée, avec un beau mari, de beaux enfants, dans le grand appartement que j’occupe au 5ème et dernier étage d’un magnifique immeuble haussmannien en pierre de taille, situé dans le 7ème arrondissement de Paris, rue Charles Bosquet, non loin de l’Assemblée Nationale.

    Les hommes, les femmes me trouvent mystérieuse, emplie d’une grâce naturelle qui me donne comme un air de noblesse… Avec un charme sensuel, énigmatique, qui fait trembler, transpirer, aimer… adorer…
    Mes amies disent que je dégage comme une aura qui vous enveloppe de lumière, de sérénité, d’amour… Une sensualité néanmoins habitée par une âme sur le chemin éperdu de la solitude. Inaccessible étoile prête à imploser dans un monde où tout se perd, dans les ténèbres des cœurs désespérés…

    Pourtant, je ne veux pas séduire… Je n’en ai nul besoin… Il me suffit de sourire pour tout obtenir… Et malgré tout cela, l’ennui m’envahit… La solitude s’établit… Ma vie me semble superficielle, avec des amis superficiels, dans un décor superficiel…

    Je n’ai pas réussi à conquérir l’homme que j’aime, avec qui tout semblait possible. Sans doute était-il trop jaloux des regards posés sur moi, étrangers, interrogateurs, viciés et abandonnés. Il ne supportait plus tous ces compliments qu’on me disait, ces attentions qu’on me dispensait…

    Depuis quelques temps, je sens comme un regard posé fiévreusement sur ma silhouette gracile. Je sens comme un appétit féroce, terrible, passionné, épier mes moindres mouvements, m’accompagner dans mes trajets quotidiens. Pourtant rien ! Rien ne bouge, tout semble immobile dans mon monde superficiel aux couleurs acidulées… Mon intuition féminine me joue parfois des tours… J’ai peur de devenir paranoïaque…

    Je suis pressée de rentrer chez moi, dans mon grand appartement haussmannien de la rue Charles Bosquet… Je tape mon digicode, pénètre dans le hall d’entrée marbré, étincelant, cossu. Je me dirige jusqu’à l’ascenseur en passant devant la loge de Madame Rodriguez, notre gardienne d’immeuble… Charmante, attentionnée mais bavarde, bavarde, bavarde…

    L’ascenseur mon conduit jusqu’au 5ème étage. Je sors les clés. La porte de la cabine s’ouvre sur mon palier au parquet ancien, ciré, aux senteurs du baume d’antiquaire… J’arrive devant ma porte et commence à glisser la clé dans la serrure quand, soudain, étrangement, sans comprendre quoi que ce soit, on me bouscule, on entrave mon corps. Je sens comme une pression énorme, décidée, appuyer sur ma bouche, mon nez, mon visage ; une étoffe rêche, indélicate, un chiffon aux arômes de chloroforme, aux senteurs du danger… Et je pars… Mon esprit, mes idées s’embrouillent, je m’évanouis… Je sombre dans un néant insondable et funeste…

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