BENJAMIN - Version initiale



Chapitre 1
Par Julian Montané


La lumière naissante grandit. Elle emplit peu à peu la chambre. Le store n’a pas été abaissé la vieille. Dehors, la ville s’éveille. Un tramway passe dans un doux vrombissement, déjà bondé des anonymes qui filent rejoindre leur lieu de travail. Le drap s’anime dans un doux murmure. Frappé par un des premiers rayons solaires, le visage masculin quitte le monde des rêves. Un premier bâillement puis les yeux s’ouvrent. Benjamin sourit, il aime à sentir le soleil chauffer sa peau. Cette sensation lui rappelle les délices futiles de la vie et la chance de pouvoir les savourer. Il se sent vivant. Il n’aime pas rester tard au lit alors il profite aussi de la chaleur de sa couette. Benjamin se lève, pieds nus, il se dirige tout droit vers la cafetière. Dans l’attente de boire son café, il allume la télévision et s’assoit sur le canapé bleu. Cependant, la plénitude du réveil s’estompe. Benjamin ressent comme un malaise. Un sentiment troublant qui lui donne mal au ventre, une gêne diffuse. Il ne peut en expliquer la raison. Il se dit pour lui-même qu’il s’agit peut être d’un mauvais pressentiment.

« Que va-t-il se passer aujourd’hui ? » se demande-t-il.

Le café est prêt, il s’en sert une tasse, se rassied et allume la télévision. Il lui reste encore du temps avant de se préparer. Son cours de littérature française ne débute qu’à 13h30. Oubliant le flot continuel de publicité qui assomme les spectateurs français, Benjamin établit son planning. Il sait qu’il lui reste un peu plus d’un mois avant sa première épreuve. Ainsi, il lui faut commencer à réviser dès maintenant s’il ne veut pas avoir à tout apprendre au dernier moment. Il sourit. Il n’a jamais réellement préparé ses examens au cours des deux premières années de sa licence « Lettres Modernes » à l’université. Cependant, la dernière année est plus dure, et Benjamin sait pertinemment qu'y aller au talent, comme il aime à dire, ne sera pas suffisant pour réussir. Et pourtant, il connaît l’avenir. Rien ne sert de planifier ses révisions car tout sera révisé au dernier moment. Benjamin est beaucoup plus efficace sous la pression. Mais pour l’instant, il est assis dans le coin de son canapé bleu et il se réchauffe avec sa tasse de café. Même la chaleur du liquide n’estompe pas le malaise qu’il ressent. Il pense alors aux animaux qui ressentent le danger bien avant l’être humain, se disant que la sensation étrange qu’il éprouve pourrait être le signe d’une catastrophe. Cela le fait sourire. Il décide donc de ne plus prêter attention à ce signal corporel. Il se lève et se dirige vers la salle de bain. Il a besoin d’une bonne douche. Ses cheveux bruns sont décoiffés. Après s’être brossé les dents, Benjamin dirige le pommeau de douche vers le mur carrelé puis tourne le robinet. L’eau est glacée au début puis à la bonne température. Le jeune garçon passe une main mouillé sur son ventre : une habitude stupide établie pour ne pas mourir d’hydrocution. Cette manie s’est établie dans son enfance, suite à la mort d’une connaissance à sa mère par hydrocution. Complètement trempé, Benjamin pourrait rester des heures sous l’eau. Il se force à couper l’eau se disant que le gaspillage est malsain pour la planète. Le réveil posé sur la tablette sous le grand miroir carré indique 11h47. Le temps passe si vite lorsqu’on n’y prête aucune attention. En ce mardi, Benjamin a décidé qu’il irait à l’université en bus. Il aura donc un peu moins d’une heure pour se plonger dans le livre de son choix. Lire est une évasion. Le jeune garçon adore lire. Les romans ont accompagné son enfance et son adolescence. Benjamin aime à s’asseoir à la terrasse d’un café, dans un parc ou bien sur un banc pour lire. Quand il est plongé dans une œuvre, le monde alentour s’estompe : il oublie tout. De ce fait, il est heureux à l’idée de se retrouver assis au fond du bus et de lire. Une fois sa veste en jean bleu clair mise, il ferme à clé sa porte et descend par les
escaliers les deux étages de la résidence. Il n’y a que quelques mètres qui le séparent de l’arrêt du car. Une fois bien installé, il commence la lecture silencieuse des poèmes de Charles Baudelaire, « Les Fleurs du mal ». Insouciant du trajet, il a failli rater son arrêt. Le voilà à présent arrivé à l’université. Mais il n’a aucune envie d’aller assister à des cours cette après midi. Il reste immobile environ cinq minutes à peser le pour ou le contre et décide finalement de se rendre en cours. Au pire, face à l’ennui du professeur, il pourra toujours poursuivre la lecture des poèmes. Et puis, il s’agit de rester sérieux car après tout, les examens vont vite arriver. La sensation étrange qu’il ressent depuis ce matin ne l’a pas quitté, elle est toujours là, en lui. Le soleil brille, il fait bon. Le vent joue dans les feuilles vertes. Benjamin rejoint la salle de cours sans grande conviction. Il remarque sans grande surprise que ses amis universitaires sont absents. Le professeur arrive : Benjamin est condamné à subir un discours soporifique à propos de l’œuvre « Nadja » d’André Breton. Cela fait à peine dix minutes que l’enseignement à commencer que le jeune étudiant est déjà en train de rêvasser. La sensation désagréable qui habite son estomac depuis son réveil est toujours présente. Seulement, Benjamin se force à n’y prêter aucune attention, préférant mettre ce symptôme sur le compte de son dîner d’hier soir. Cela le rassure. Vivement la fin de ces deux heures pour assister au cours de langue allemande qui, lui, est beaucoup plus animé et intéressant. Après, il faudra vite rentrer afin de débuter l’étude du commentaire composé d’un passage d’Erasme à rendre pour dans une semaine. Mais ce programme studieux ne l’attire pas du tout, il préfère sortir. Discrètement, Benjamin sort de sa poche son BlackBerry et envoie un message à sa meilleure amie
  • Hey ! Pas envie d’étudier car besoin d’évasion ! Partante pour un verre ce soir ? :) 
Trois minutes plus tard, le mobile vibre.

  • Oui ! J’allais t’envoyer le même message ! On se retrouve à 19h30 place Pey Berland. On avisera sur place. Me tarde ! :) 
Le sourire aux lèvres, Benjamin est plus enclin à écouter. Ce soir, il va rire et ainsi, oublier ce mauvais pressentiment qui l’assaille. Du moins, il espère.


À vous d'écrire la suite !

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